par Evelyne Papillon
photo: Aurélien Marsan

Un sacré titre pour un sacré spectacle! L’éclectisme était au rendez-vous, alors que nous avons pu voir deux performeuses et un performeur, chacun doté d’un style inimitable.

D’abord, Hélène Matte s’est donné des airs très sérieux en nous partageant son savoir pointu sur la pataphysique et l’un de ses maîtres, M. Paul Zumthor. Nous avons pu entendre quelques discours fort éclairants ou pas de cet homme illustre. Le ton est tellement à la dérision que la question qui nous brûle les lèvres lors de son numéro est « A-t-il réellement existé? » D’amusants vidéos avec des interversions de mots pour un effet absurde, mais aussi poétique, nous ont été présentés dans ce lieu tout indiquée, Sporobole. Les rimes et les allitérations étaient à l’honneur pour notre plus grand plaisir.

La suite a été on ne peut plus déstabilisante. L’artiste Alexandre St-Onge a joué avec les sonorités à l’aide d’une cuillère de métal reliée à un système un peu mystérieux. Sa voix était aussi modifiée, de telle façon que les mots qu’il prononçait n’étaient pas reconnaissables. Ce numéro était de type public aux oreilles pas trop sensibles, car certains devaient couvrir les leurs. À un certain moment, je me suis demandé si les extraterrestres n’allaient pas débarquer, tant les bruits étaient discordants et la performance soutenue.

La finale nous a été offerte par Alexis O’Hara, une poète au costume couleur chair se modifiant au gré de ses textes à l’aide de ballons couleur chair et d’une pompe. La performeuse rentre allègrement dans les normes sociales qu’il serait grand temps de remettre en question. Elle écorche au passage la mentalité de la nice white lady bien-pensante, la méritocratie et même l’irritante pensée positive à tout prix. Il s’agit d’une performance des plus complètes qui combine l’art de la parole, les modulations de la voix par effet de pédales, l’utilisation d’accessoires et même d’étranges tentacules de tissu gonflables qui viennent nous envahir. Le public était conquis.