Petit cours 101 sur le conte

09 Déc 2020

Les arts de la parole, c'est quoi?

Selon vous, c’est quoi le conte?

 

Vous avez peut-être pensé à votre enfance, à la section « contes » de votre bibliothèque de quartier, aux fables apprises par cœur à la petite école, ou encore à un bûcheron vêtu d’une chemise carreautée assis au coin du feu.

Vous n’êtes pas les seul.es.
On mélange souvent LE conte avec « LES contes » – ces récits de notre enfance si profondément ancrés en nous, et qu’on arrête parfois de revisiter une fois adultes. Cet amalgame peut nous lancer sur quelques fausses pistes quand vient le temps de découvrir ce que peut être le conte. On l’associe alors à une forme de littérature un peu vieillotte, voire carrément folklorique, ou destinée exclusivement aux enfants.

Alors, c’est quoi la différence?
Les contes, ce sont des histoires imaginaires, qui peuvent être transmises de plusieurs façons : à l’écrit, à l’oral, dans un film, ou même en chanson! C’est un répertoire de récits – dont certains circulent depuis des millénaires – qui continue de se bonifier des nouvelles histoires que les créateurs d’aujourd’hui s’imaginent.

LE conte, c’est quoi alors? Ça ne serait pas simplement le fait de transmettre des contes? Pas tout à fait. Le conte, c’est une forme d’art. En fait, si on voulait en proposer une définition hyper simple, on pourrait dire que le conte, c’est un conteur qui transmet un récit à l’oral dans une relation directe au public qui l’écoute. En conte, l’histoire, le conteur et le public interagissent constamment. Pas de conte sans public, donc.

Ainsi, LES contes peuvent se transmettre par écrit, mais LE conte, c’est un art qui se passe à l’oral! Et dans l’art du conte, un conteur peut conter des contes, mais il peut aussi conter autre chose : une légende, un récit de vie, une anecdote… ou même un roman! Comme on peut adapter n’importe quelle histoire en film, on peut adapter n’importe quelle histoire en conte.

 

En fait, si on voulait comparer le conte à une autre forme d’art, on pourrait dire que l’art dont il se rapproche le plus, c’est le cinéma!

Mais attention. Si on voulait pousser le parallèle, le conteur ne tiendrait pas le rôle du comédien qui interprète un personnage, mais plutôt celui du réalisateur, qui cherche les bonnes images pour transmettre l’histoire. Le conteur est un narrateur, qui observe la scène de l’extérieur, et la raconte comme s’il l’avait vue de ses propres yeux. Comme au cinéma, il ne décrira pas en mots les émotions vécues par un personnage, mais les montrera par des images.

C’est la raison pour laquelle, lorsqu’on entend un conteur, on a l’impression de « voir » l’histoire se dérouler; pendant que le conteur raconte, le spectateur se fait une sorte de film dans sa tête à partir des images que lui suggère le conteur.

Et s’il existe plusieurs genres de films (films pour enfants, comédies, drames, films d’action, films d’horreur), il existe aussi plusieurs genres de conte!

Le conteur peut aussi inclure l’écriture dans son processus de création (bien qu’il ne le fasse pas toujours), mais cette trace écrite ne pourra jamais remplacer une prestation de conte. De la même façon, même si le réalisateur s’appuie généralement sur un scénario écrit, le film qu’il réalisera ne pourra jamais se résumer au scénario.

 

Mais attention, ce qu’il faut garder en tête, c’est que l’art du conte n’est pas une recette, et que chaque conteur développe son propre langage, sa propre démarche. En art, toutes les exceptions sont permises, et plusieurs conteurs et conteuses feraient mentir allègrement le portrait du conte que nous venons de dresser.

Aujourd’hui, le conte a les deux pieds bien ancrés dans son époque, et ses frontières tendent à se brouiller, comme c’est le cas aussi pour les autres formes d’art!

Dans nos prochains articles, vous aurez l’occasion de plonger un peu plus en profondeur dans la pratique du conte, et de découvrir les nombreux visages du conte aujourd’hui.

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