Nues: récits du féminin intime

17 Fév 2020

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Photo par Josée Courtemanche
Texte par Jan-L. Munk

Renée Robitaille commence son spectacle avec la voix de cette adolescente qui demande à sa grand-maman comment cela s’était passé pour elle de devenir une jeune fille? Comment c’était avec grand-papa? Une grand-maman qui répond d’abord discrètement à travers le spectacle, en alternance avec ces femmes qui ont su débloquer leur silence étouffé.

C’est qu’en vue de préparer son spectacle, l’artiste a rencontré une trentaine de femmes qui ont confié leur confusion autour des désirs sexuels et des besoins de tendresse; qui ont cheminé vers le droit au plaisir; qui ont tenté de guérir de ce sentiment de culpabilité qui ne leur appartenait pas; pour franchir la porte d’une saine prise en charge, vers cette possibilité de se sentir belles lorsque les mains de l’homme se posent sur leur corps.

La grand-maman revient en force durant la dernière partie du spectacle. Non seulement elle nous fait rire, mais elle nous éclaire de l’obscurantisme qui perdure dans la mémoire collective actuelle, tant chez les hommes que chez les femmes.

Il y a aussi cette vulve qu’on fait parler, qui se met à s’exprimer ou même à dialoguer, qui ne demande que de faire une avec la femme.

L’homme que je suis a pu saisir que le pire des ogres parmi nous, en goûtant à l’amour, peut se laisser apprivoiser; que lorsque la femme se permet de vivre sa sexualité, «la planète, elle, va mieux tourner »; que si « les hommes ont besoin de faire l’amour pour se sentir bien, les femmes, elles, ont besoin de se sentir bien pour faire l’amour ». J’avoue que les hommes (d’accord, d’accord, certains hommes…) pourraient apprendre à mieux se sentir avant de penser à leurs besoins de faire l’amour!

Cette scène où la femme du village qui nourrit l’ogre avant de lui offrir le dessert… à goûter, nous l’enseigne. Le territoire sacré de la sexualité, ou de l’intimité mérite d’être revisité, d’être apprivoisé avec amour au lieu de voir son corps comme un champ derrière des barbelés.

La grand-mère revient à la fin du spectacle. Son monologue est tellement comique, oh oui! mais sa franchise désarme même les plus guindés et les prudes qui ont eu à se réfugier dans un déni devenu trop commun.

Encore au lendemain du spectacle, je me dis qu’il faut que je le revoie avec quelqu’un. Qui? On s’en reparle.

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