L’histoire sans fin

01 Oct 2019

Regards de spectateurs

par Audrey Bacon-Giffard
photo: Sophie Jeukens

« Jihad Darwiche est un des plus grands conteurs actuels de la francophonie. Un des rares conteurs qui se maintient dans la plus pure tradition du conte avec une expression orale complète: aucun de ses récits n’est appris «par cœur», quelle qu’en soit la longueur. C’est un travail de corps qui s’effectue, sans le texte et sans la tête! » – Petronella

En 2016, Jihad Darwiche est invité par le Festival des traditions du monde et ça n’en prend pas plus pour allumer une idée dans l’esprit de Petronella : profiter de la présence du conteur en Estrie pour organiser un atelier spécial sur les Mille et Une Nuits. De fil en aiguille, l’événement prend forme et c’est à un groupe de 12 conteurs et conteuses, majoritairement de la région, que Jihad donne son atelier. Le travail se fait alors sur le conte-cadre, l’histoire de Shérazade, et le premier conte que cette dernière partage avec le roi. L’atelier est apprécié de tous, ils et elles ont passé un moment unique et inspirant, ont soudé des liens avec d’autres conteurs et conteuses… Bref, tout est bien qui finit bien.

Mais ça ne pourrait être moins vrai!

Suite à une décision collective plus qu’enthousiaste, Jihad revient en 2017 donner un deuxième atelier sur les Mille et Une Nuits à un autre groupe de 12 personnes, pas complètement identique à celui de l’année d’avant. Cette fois-ci, le travail se fait sur une grande quête amoureuse, l’histoire de Hassan de Bassorah, aussi appelé Sindbad le Terrien. Et croyez-le ou non, Jihad est de retour en 2018 pour un troisième atelier, pour travailler sur un grand conte initiatique: La reine des serpents!

En 2019, le groupe désire le retour de Jihad (qui ne le souhaiterait pas?) pour une autre aventure artistique : la préparation de trois groupes de conteurs et conteuses, chacun effectuant un travail en profondeur sur un des contes vus auparavant. Eh bien, c’est ce qu’ils ont fait, et avec brio! Ce projet a culiminé en un spectacle, présenté le 31 août, au Camping rustique Orford devant plus d’une trentaine de personnes.

 « C’est ainsi que chaque membre du groupe a passé deux fois une semaine complète à travailler «oralement», c’est-à-dire à partir du récit conté par le conteur-maître. Cet exercice singulier est unique au conte, et permet aux conteurs de s’appuyer sur une trame de base solide (comme les musiciens de jazz) pour garder une fraîcheur dans leur parole. Avec le temps et les répétitions, cette parole peut se figer, se fixer. Le défi majeur pour le conteur est alors de garder ladite fraîcheur, la même «urgence de dire» que si c’était la première fois. Un travail d’autant plus exigeant que, de nos jours, c’est d’abord et partout que l’écriture est valorisée… au détriment de la parole. » – Petronella

C’est à se demander ce que ce groupe de conteurs et conteuses nous mijote pour la suite… Peu importe, nous sommes bien prêts à les suivre dans toute cette aventure, que nous espérons bien être sans fin.

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