Les Mille et Une Nuits
27 Oct 2019
Festival Les jours sont contésNos activités
Texte: Gabrielle Duchesne
Photo: Audrey Bacon-Giffard
La nuit dernière, les rêves ont devancé les rêveurs, à la Maison des arts de la parole. En cette fraîche nuit du 25 octobre, nous n’avions nul besoin du sommeil pour réchauffer nos cœur d’enfants. En effet, sans même avoir à fermer l’œil, des histoires grandioses se sont faufilées dans l’imaginaire d’une vingtaine de spectateurs. Guidés par un regroupement d’artistes ayant développé une complicité hors du commun, les plus vaillants d’entre tous se sont plongés dans un long voyage au cœur de la culture du Moyen-Orient.
Toute la nuit, François Bienvenue, Christine Bolduc, Lynda Bruce, Jacques Falquet, Claire Jean, Carine Kasparian, Petronella, Sylvie Proulx, ainsi que Simon Venne-Landry ont fait valoir la chair de leur langue, à travers les magnifiques récits retranscrits d’Antoine Gallant. Lettré du 17e siècle ayant eu un attrait envers la culture et le monde arabes, ce dernier est l’humble initiateur d’un pont entre l’Orient et l’Occident. Par sa motivation à mettre sur papier les traces d’une tradition, qui était autre fois perpétrée de bouche à oreille uniquement, Gallant a permis la multiplication des recueils des Mille et Une Nuits en Europe. Et c’est de cette folie, ou de cette sagesse, qu’émerge aujourd’hui la revalorisation de l’art de conter, celui qu’ont pu pratiquer nos magnifiques conteurs et conteuses de la région et des alentours.
L’histoire qui est racontée est toujours unique. D’un espace-temps à l’autre, l’artiste conteur.se a toujours le pouvoir magique (ou la maladresse) de se laisser porter par l’énergie de son public, au moment de sa performance. Dans le cadre de ce festival, l’immersion au cœur de l’époque des Sultans et des Princesses ou des Rois et des Enchanteresses était unique. Du petit buffet typiquement maghrébin au confort des grands tapis turcs, agrémentés de multiples coussins à motifs et d’une lumière tamisée, tout y était, jusqu’à la tisane à la menthe, pour nous aider à plonger dans le rêve. Nasreddine, Moustafa, Khadidja, Shahrayar, Shazaman et bien d’autres personnages sont venus habiter la salle, dans une danse de l’amour et de la quête, afin de faire vibrer les esprits des adeptes de nuits blanches, ainsi que ceux des plus fatigués.
De 22h à 7h, le spectacle est resté imbibé de la frénésie de chacun des personnages, malgré une écoute parfois plus passive qu’active. Sans relâche, les talentueux et talentueuses paroliers et parolières ont transmis avec cœur une philosophie authentique. Berçant leur public toute une nuit durant, ils et elles ont su adhérer à la leçon transmise par le petit oiseau magique, venu nous border avec le lever du Soleil, qui nous a si bien démontré que « La liberté, ça ne se demande pas, ça se prend. »
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