Les histoires de Nasreddine !

14 Oct 2022

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Certains d’entre vous ont peut-être déjà entendu parler du « sage qui était fou », ou d’autres plutôt du « fou qui était sage » ? Pour ceux à qui ça ne dit rien, ne vous inquiétez pas, on vous explique tout sur ce personnage ingénu et faux naïf, prodiguant des enseignements tantôt absurdes et tantôt ingénieux. Tout un personnage ! Un personnage connu partout dans le monde et auquel on associe ces courtes histoires à la fin surprenante… les histoires de Nasreddine !

 

 

Nasreddine, tout un personnage!

Pour certains, c’était « un fou qui était sage » et pour d’autres, c’était « un sage qui était fou ». Pour certains, il aurait vécu en Turquie de 1208 à 1284 et pour d’autres, il aurait vécu en Irak. Une chose est certaine, il a deux tombes, une en Turquie et une en Algérie.

Nasreddine est connu du Maghreb jusqu’en Mongolie, puis ses aventures sont célébrées dans des dizaines de langues, du serbo-croate au persan, en passant par le turc, l’arabe, le grec, le russe… Il est connu dans tous ces pays, mais il change de nom, donc Nasreddine devient tantôt Nasreddine Hodja, tantôt Jha, ou encore Goha, Djouha, Djeha et même Srulek, en Pologne.

Nasreddine change de nom, mais ce sont toujours les mêmes aventures que l’on raconte à son propos, une partie importante d’entre elles étant des histoires d’enseignement. Il était réputé être un théologien de la culture musulmane, prodiguant des enseignements auxquels nous avons encore accès aujourd’hui par le biais de ces histoires courtes, mais morales, souvent bouffonnes, la plupart du temps absurdes et, parfois même, coquines.

 

Des histoires à la résonnance universelle

Les histoires de Nasreddine peuvent être appréciées pour l’absurdité amusante de la plupart des situations, mais peuvent aussi être interprétées de différentes manières, comme des contes moraux ou des histoires spirituelles. Le but n’est pas forcément de rire, mais de com­prendre nos comportements et d’examiner notre monde sous des angles différents. Ces histoires ont une résonnance universelle, elles sont un miroir de l’être humain. Héros d’une histoire absurde à la fin qui nous fait sourire, le personnage de Nasreddine est donc le reflet de l’être humain, dans sa bêtise et dans sa ruse !

 

Les anciens du village essayèrent, un jour, de résoudre une question sérieuse : Si le fleuve prenait feu, où donc les poissons pourraient-ils s’enfuir?

Après de longues délibérations, n’ayant pas trouvé de solution, ils allèrent consulter Nasreddine.

Celui-ci, après les avoir écoutés, s’écria : «Pourquoi vous inquiétez-vous? Si vraiment le fleuve prenait feu, les poissons pourraient grimper dans les arbres.»

 

De courtes histoires à la fin… inattendue!

Ces courtes histoires ont des fins surprenantes et généralement des structures similaires, en trois parties :

1 – Une exposition très brève d’une situation initiale qui est presque toujours solidement plantée dans la réalité la plus quotidienne, parfois la plus triviale ;

2 – Une confrontation du personnage de Nasreddine avec un ou plusieurs interlocuteurs, ce qui aboutit à une situation de conflit ou, à tout le moins, de déséquilibre (même quand cet adversaire n’est autre que lui-même !) ;

3 – Enfin, une résolution ou chute, inattendue, voire franchement sidérante, et qui se résume aux paroles que le personnage de Nasreddine lance à ses contradicteurs médusés. Ce sont elles qui portent toute l’histoire, qui en font la drôlerie et la saveur !

 

Nasreddine flânait dans le marché quand un commerçant l’accosta, lui reprochant de ne pas payer sa dette.

«Cher ami, lui demanda Nasreddine, combien vous dois-je au juste?»

«Soixante-quinze piastres, cria le commerçant, en colère. »

«D’accord, d’accord, répondit Nasreddine. Vous savez bien que j’ai l’intention de vous payer trente-cinq piastres demain et trente-cinq autres le mois prochain. Cela signifie que je ne vous dois plus que cinq piastres. N’avez-vous pas honte de m’accoster ainsi en public pour une dette de seulement cinq piastres?»

 

Mais attention… ces histoires ne sont pas des blagues!

Ces histoires à la fin qui nous fait sourire ne sont toutefois pas des blagues. Si ces histoires ont une résonance partout autour du globe, c’est justement parce qu’elles mettent en lumière l’être humain, dans son universalité, à l’opposé des blagues, qui sont généralement comprises par une communauté, par des références culturelles davantage locales. Alors, même si ça semble facile de conter les histoires de Nasreddine attention : il faut réussir le « punch » au bon moment… et sur le bon ton !

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