L’envol de Solibo
27 Jan 2020
Nos activités
Photo par Josée Courtemanche
Texte par Anne-Marie Robitaille
Hier soir avait lieu à la Maison des arts de la parole la toute première présentation publique du nouveau spectacle de Franck Sylvestre, L’envol de Solibo, deuxième volet d’un triptyque consacré à l’œuvre de l’auteur Patrick Chamoiseau. Lors d’un précédent festival Les jours sont contés, j’avais été ravie par la première partie de la trilogie, Le fossoyeur. C’est donc sans regret que j’ai échappé à l’hiver le temps d’une soirée pour me laisser transporter en Martinique, dans cet univers à la fois très poétique et cruel, où le surnaturel n’est jamais loin.
Cette fois-ci, l’histoire gravite autour du personnage de Solibo, un conteur. Un conteur si important pour sa communauté qu’on l’appelait Solibo Magnifique. On disait de lui qu’il ne racontait pas, mais qu’il « distillait » le conte. On le décrit également de la belle manière suivante : « En Martinique, il y a deux types de conteurs : des conteurs à la voix claire et des conteurs à la voix pas claire. Solibo était un conteur à la voix pas claire. »
Dans les premières minutes du spectacle, Solibo meurt. En plein carnaval, entouré de ses amis, alors que son compagnon l’accompagne de son tambour et qu’il prend la parole après une longue absence, il s’éteint sans raison apparente. Ses proches lui rendent hommage tour à tour, dévoilant chacun une facette de sa vie, de sa personnalité et révélant par le fait même l’importance du conteur dans la société martiniquaise.
Le récit bascule avec l’arrivée des policiers, qui face à cette mort explicable, sont persuadés qu’il y a eu meurtre et donc assassins. Ils ne se contenteront pas d’être condescendants et incompétents, mais feront preuve d’une extrême brutalité. Torturant avec acharnement les amis de Solibo pour qu’ils avouent un meurtre qu’ils n’ont évidemment pas commit.
À souligner : la beauté de la langue. Les images poétiques nous surprennent et nous enchantent à plusieurs reprises. Franck Sylvestre demeure maître du récit, faisant preuve de virtuosité pour nous livrer cette histoire dans toute sa vérité.
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