Le cœur du monde: visite-conférence décalée (27 octobre)

29 Oct 2019

Festival Les jours sont contésNos activités

Texte: Jean-Sébastien Dubé
Photo: Josée Courtemanche

L’Empire de quel Milieu? Le cœur de quel monde?

Avec une vingtaine de curieux ayant bravé la pluie en ce dimanche matin d’octobre, j’ai visité l’exposition Nous sommes tous des brigands au Musée des beaux-arts de Sherbrooke en compagnie d’un singulier guide-qui-n’en-est-pas-un, le conteur Didier Kowarsky.

Qu’est-ce qui est faux? Qu’est-ce qui est vrai?  Déjà l’exposition de la Sino-Canadienne Karen Tam joue sur nos a priori occidentaux en présentant dans un même espace de réels artéfacts chinois de la collection du Musée des civilisations, ses propres créations « chinoisantes », ainsi que des chinoiseries et autres bibelots de pacotille « Made in China » (faits en porcelaine?) appartenant à des Sherbrookois: Est-ce une délicate sculpture en ivoire… ou n’est-ce pas plutôt un savon auquel l’artiste a donné l’apparence d’une figurine ancestrale?  Est-ce une assiette d’argent ouvragée… ou plutôt un plateau à pizza en aluminium finement ciselé? Quelle est l’œuvre la plus « authentique »? La pagode de bois traditionnelle ou celle en résine de synthèse réalisée par l’artiste?

Kowarsky joue à prendre son rôle de médiateur décalé très au sérieux : il circule d’un artéfact à l’autre, donnant parfois de vrais renseignements, suggérant de s’arrêter sur un détail factice, offrant une réflexion sur l’art… ou inventant carrément le nom d’un soldat anonyme sous un empereur oublié, d’une déesse « Robin des bois » nourricière.  Si sa théorie sur la vibration « Ku » relève certainement de la fumisterie, on se prend à rêver qu’il existe réellement une manière de rétablir l’équilibre cosmique par le simple émoi que suscite l’art.

En ajoutant une couche imaginaire supplémentaire à l’installation de madame Tam pleine de faux-semblants, Kowarsky nous entraîne à garder l’œil ouvert et le regard oblique.  Pour que l’Art nous permette de rester alertes aux plus belles et aux plus viles des mystifications, il faut sans doute qu’il reste « sans importance », dixit Didier.

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