Le cabinet des curiosités
09 Déc 2019
Regards de spectateurs
Photo par Sophie Jeukens
Texte par Audrey Bacon
Ça prend quelques heures avant d’enfin pouvoir se déposer et poser ses idées sur l’écran. Le cabinet des curiosités vient jouer avec tout ce à quoi on s’attend, tout ce à quoi on est habitué.e.s. Et ça en vaut la peine.
Le spectacle de Christine Bolduc et Jean-François BoiSvenue ne va ni partout ni nulle part. Il va exactement où il doit aller. On pourrait avoir peur, avec ce projet de contes numériques, qu’un médium ne prenne le dessus sur l’autre. Eh bien, Le cabinet des curiosités a trouvé cette ligne fine entre le conte et les médias numériques, qui permet aux deux arts de s’entremêler tout naturellement, et se balance gracieusement dessus.
Avec des histoires glauques, de drôles de récits et des contes saugrenus, le public se fait servir une généreuse assiette d’images venue du fin des Amériques et du fond de l’Europe. On passe de la sexualité à la mort, à la séduction, l’amour, le cannibalisme, la chasse, l’enfance et la pâtisserie grecque.
Du côté de l’art multimédia, le public a droit à une effusion de tableaux les plus vivants les uns que les autres. Les deux artistes ont en effet trouvé la juste mesure, laissant les images servir le texte et les deux artistes travailler de concert sous les yeux de toutes et tous. Des projections habilement placées devant et derrière Christine permettent aux gens présents de s’immerger complètement dans les histoires racontées et influencent l’ambiance dans la salle, des images plus graphiques générant des petits rires de malaise. On ne sent pas que c’est un malaise inconfortable, cependant. C’est le malaise des histoires qui nous rejoignent sans qu’on le veuille, le malaise d’être là lorsque des tabous sont rejetés et le malaise de savoir que ce que nous entendons et voyons est profondément humain malgré tout.
Les spectateurs et spectatrices qui étaient à la sortie de résidence du spectacle Le cabinet des curiosités ont assisté à une œuvre unique qui a pris les sentiers battus et en a fait un terrain de jeu hors de l’ordinaire. La présence du conte, art de l’oralité profondément humain, et des médias numériques, art technique et sans limites, a permis à des histoires pas comme les autres d’être racontées avec grâce et aplomb.
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