Je me souviens de Dehors novembre
02 Déc 2018
Nos activités
Texte par Jean-Benoît Baron
Photo par Sophie Jeukens
C’est dans le cadre du projet Le FPM (Festival de la poésie de Montréal) en tournée, en co-diffusion avec La Maison des arts de la parole, que fut présenté, le 1er décembre dernier, le spectacle Je me souviens de Dehors novembre, à La Petite Boîte Noire. Spectacle créé à la base par André « Dédé » Vander (ancien membre des Colocs), le tout se veut comme un hommage, une relecture poétique et à la fois un laboratoire expérimental, autour du mythique et dernier album de Dédé Fortin, Dehors novembre. Pour l’occasion, Vander (multi-instrumentiste) s’est entouré de sa copine Amélie Laflamme (claviers) et de Philippe Garon (clarinette), afin de compléter son trio musical. Ce qui fait que ce spectacle se démarque, c’est la poésie qui est mise de l’avant. En effet, les chansons ne sont pas à proprement chantées, mais plutôt mises de l’avant par la parole, ce qui nous rappelle la force d’écriture des textes de Dédé. Pour l’occasion, sont réunis sur scène slameurs, auteurs et poètes, afin d’interpréter les textes originaux des chansons de Dehors novembre, mais également des compositions originales, inspirées de l’œuvre des Colocs. C’est ainsi que les poètes Monica Bolduc (Nouveau-Brunswick), Sonia Lamontagne (Ontario) et Emmanuelle Riendeau (Québec) étaient présentes sur scène, accompagnée par le poète M.K. Blais.
Dès 20h, c’est dans l’obscurité de la salle de LPBN que Vander s’est présenté au micro, simplement et nous a introduit sur ses souvenirs entourant la création du 3e album des Colocs, paru en 1998, donc il y a 20 ans cette année. Album qui, rappelons-le, fut créé tout près d’ici, dans un chalet de St-Étienne-de-Bolton. C’est sur ces quelques paroles que la pièce Tellement Longtemps s’est entamée. On constate dès lors que Vander, accompagné de sa guitare-basse, de sa grosse caisse et de toute sa panoplie de branchements électroniques est un véritable homme-orchestre et donne un tout nouveau son aux chansons si connues de cet album. Les claviers d’Amélie Laflamme s’agencent bien avec le reste et c’est en entendant la clarinette, jouée par Philippe Garon, qu’on comprend l’importance de cette couche à la fois mélancolique et festive, si propre aux sonorités de l’album Dehors novembre. Succès par-dessus succès se sont enchaînés, nous rappelant que sur cet album, ce ne sont pas moins du quart des chansons qui sont devenues des titres qu’on chante encore 20 ans plus tard. Les textes, mis de l’avant par les artistes présents, nous rappellent aussi que si nous dépouillons les chansons dans leur plus simple expression, ce qu’il nous reste, ce sont des textes forts, poignants et remplis d’une sensibilité désarmante. On entend aussi les cris du cœur de Dédé, son désespoir, sa folie, ses moments d’angoisse. J’aime penser qu’un album musical est accompagné d’une saison et Dehors novembre est un album d’automne, dans toute sa grisaille et sa noirceur. Le Répondeur en est un bon exemple. Lorsqu’on entend dans Belzébuth des paroles comme : Le chat qui était là avant moé / S’est suicidé dans l’temps des fêtes, cela nous rappelle également ce temps de l’année qui approche où le taux de suicide est généralement élevé.
Au retour de l’entracte, Vander a continué de nous partager plein de moments et d’anecdotes vécus en compagnie de l’autre Dédé et tenait à souligner que ce dernier, souvent qualifié de ténébreux et d’angoissé, était aussi un être festif et rempli de joie, par moments. L’arrivée de M.K. Blais sur scène a donné un nouveau souffle au spectacle et a réussi à brasser la foule, respectueuse mais peut-être trop timide. Vander me confiait personnellement à la fin de la soirée que le spectacle est tout nouveau, qu’il vient à peine d’être mis au monde et cela paraît quand même devant quelques accrochages toutefois pardonnables et dans l’interprétation de certains artistes présents, nous rappelant la bête de scène qu’était le chanteur des Colocs. Malgré tout, c’est un spectacle de spoken word qui rentre dedans, de par la force et la dureté de ses textes, et nous constatons même que dans la pièce titre de l’album Dehors novembre, Dédé faisait carrément du spoken word. La cerise sur le gâteau de ce spectacle fut sans contredit la nouvelle version 2018 de Tassez-vous de d’là, plus festive que jamais.
Pour entendre cette toute nouvelle version : https://www.youtube.com/watch?v=XvhGoOmB194
Pour en apprendre davantage sur la création de Dehors novembre, je vous conseille de voir le film Dédé à travers les brumes de Jean-Philippe Duval.
Par ailleurs, si l’un de vos proches ou vous-même avez besoin d’aide, n’hésitez pas à appeler la ligne sans frais 1 866 APPELLE (277-3553).