Intruses

27 Oct 2019

Festival Les jours sont contésNos activités

Texte: Claire Jean
Photo: Marie Simoneau

Définition du dictionnaire : Intrus : Personne qui s’introduit dans un lieu, une société sans y être invitée, attendue, sans en avoir le droit.

Définition plus juste du spectacle : Intruses: personnes, de préférence des femmes, qui introduisent du nouveau dans l’univers de chacune sans y être invitées.

Des vestiges de la nuit de contes de la veille servent d’éléments de décor. Trois oiseaux en origami rouge et crème fabriqués avec des dépliants du festival par un bénévole de la nuit sont accrochés au mur de briques de la salle. Une vertèbre d’animal, suspendue, tenue par un ruban rouge et plus loin un foulard crème, rayé de rouge. Et la soirée commence. On plonge dans un monde de volatiles où tout est volatile…

Julie Boitte, une grue blanche et Myriam Pellicane, un grand héron se titillent l’une l’autre ajoutant une phrase, un bout de chanson ou une partie d’histoire décalée au récit de l’autre. Deux fortes présences qui se déplacent comme des oiseaux, les pieds dans l’eau. Chacune cherche et trouve sa nourriture dans les méandres de la rivière : un cachalot, un taureau, une galette. Par moments, on voit apparaître un oiseau avec des sabots, une femme jaguar, le Minotaure, une vieille femme arabe millénaire, un spectre de femme « je suis enfermée ici pour un temps indéterminé… c’est pire que pour toujours »

Myriam coud à la main les grands morceaux d’histoires rouges et Julie ajoute dentelle, broderie, poésie, aux robes de sang cousues par Myriam. Jamais elles ne se touchent, mais il se dégage de leur travail une complicité intrusive aux allures fusionnelles et quand la soirée prend fin, Myriam Boitte et Julie Pellicane redeviennent Myriam Pellicane et Julie Boitte…

Quelques phrases restent gravées : « La liturgie secrète de l’oiseau sentinelle »

« Ma mère a fait l’amour avec un taureau divin et je suis née »

Un spectacle étrange, mais qui laisse passer la lumière. Je leur laisse le mot de la fin :

Myriam : « Les femmes, ce sont elles qui bousculent la face du monde. On ne peut pas les attraper ».

Julie : « On ne peut pas les enfermer. »

Merci Myriam, merci Julie de voler librement dans l’univers des contes.

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