« Cher festival, je me souviens de toi… »

10 Oct 2022

Festival Les jours sont contés
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« Cher festival, je me souviens de toi… »

Ce sont les mots d’Isabelle Bouchex, une bénévole en or qui a pris l’avion chaque année durant 5 ans, pendant ses vacances, pour venir concocter de délicieux repas pour nos artistes du festival. Ces mots, ils pourraient être ceux de plusieurs. Plusieurs conteurs et bénévoles qui ont foulé les planches du festival ces 30 dernières années. Et plusieurs d’entre eux nous ont fait parvenir de magnifiques et touchants témoignages à l’approche du 30e anniversaire du festival Les jours sont contés : 30 ans, ce n’est pas rien! 30 ans d’innombrables moments de rencontres, de partage, de complicité…

 

« Le festival est à présent une belle et grande dame! C’est une vague de lumière qui court sur Sherbrooke et crépite avec le rouge sang des érables et les mouffettes! Un gros morceau de mon cœur! »

(Myriam Pellicane, conteuse)

 

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Les rencontres

Les rencontres, c’est peut-être ça le cœur du festival? La rencontre de l’autre, la rencontre de l’imaginaire, la rencontre avec le conte… Des spectacles colorés, touchants, surprenants, des cadeaux précieux offerts au public 11 jours durant.

 

« Je n’ai que de la joie, de l’enchantement, de l’émerveillement d’avoir été chez vous, avec vous, parmi vous; grande chance, grand privilège. La joie d’entendre cette merveilleuse langue française de chez vous et par ricochet de chez nous. La joie de vous présenter celui que j’appelle mon Macbeth, quelle audace ce spectacle, n’est-ce-pas, et vous avez répondu à mon audace par votre généreuse audace! Quelle chance! »

(Jeanne Ferron, conteuse)

 

« Cette rencontre en est une que je ne saurais oublier jusqu’à mon lit de mort. Myriam Pellicane loge chez moi, et on jase… beaucoup!

Une des histoires que je lui raconte est celle d’une rencontre que j’ai faite en hiver 1979. À la demande de Myriam, je lui remets un texte avec les détails de cette fameuse rencontre.

Lorsque Myriam revient au Québec, la fois suivante, elle livre un spectacle… avec ce récit! Il y a des détails dans son conte que je ne lui ai pas livrés. L’expérience d’auditeur est telle que je revois le tout en totale fidélité à l’expérience vécue: tout me revient, les odeurs, les impressions. »

(Jan-Leopold Munk, bénévole)

 

 « C’est la soirée finale du festival : avec les amis conteurs on a concocté un menu en accord avec l’humeur du jour, Halloween. On tricote nos différences entre nouvelles, chants, anecdotes, surprises et contes. Une partie de pétanque précède l’apparition d’une poupée sanglante. Humour, amour, gore, on s’amuse ferme et le public aussi. C’est une des belles particularités de ce festival, avoir su motiver un public curieux qui accueille toutes les paroles. »

(Françoise Diep, Conteuse)

 

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Les après

Toutes ces années ont été teintées de spectacles et de rencontres mémorables, mais aussi de rassemblements chaleureux, parce qu’il y a les spectacles, mais il y a aussi les après…

 

« Je me souviens des spectacles aussi bien que des après. »

(Isabelle Bouchex, bénévole)

 

… les après sont ces lieux où les rencontres continuent de se créer, ces moments ou le conte continue de vivre, même après les spectacles, jusqu’aux petites heures du matin. Ces endroits où on se retrouve, en famille, pour partager un bon repas, des fous rires, des histoires, pousser la chansonnette…

 

« Je me souviens de la rencontre avec la maison du bout du rang, tout droit sortie d’un conte merveilleux. Je me souviens des bruits des soirées, du silence des journées. Du mouvement et du calme, de Jihad Darwiche avec sa cafetière, gestes immémoriaux qui m’apaisaient dans le tumulte.

Je me souviens, à jamais, des parfums de la maison, entre feu de bois, tabac de Christian-Marie, fraîcheur humide de l’entrée, petits plats qui mitonnent, whisky et café-cardamome. Sans parler de l’odeur indéfinissable qui précède la neige, et de la chaleur humaine qui monte, qui monte, avec l’excitation des fins de soirées.

Je me souviens du premier repas que j’ai concocté pour le festival. Un couscous d’agneau, commencé par le maître de maison, à charge pour moi de le terminer. Une toile blanche avec motif imposé. Je me souviens de ma concentration, de mon souci de bien faire, de mon émerveillement devant le tiroir aux épices, de la portée de chacun de mes gestes dans le silence de la maison ensoleillée. Et du regard de Guth et Jihad, gardiens du domaine ce jour-là. Ils avaient beau être discrets, j’avais tout de même un peu la sensation de passer un test d’admission dans la famille.»

(Isabelle Bouchex, bénévole)

 

« Mes souvenirs s’accrochent à des lieux, la première image qui me vient est l’intérieur de la maison ancienne en bois que nous habitions avec Julie Boitte, Myriam Pellicane et Didier Kowarsky. J’ai tout de suite eu l’impression de rentrer dans le décor d’un film de Woody Allen.

Si je ferme les yeux, je retrouve tout de suite l’odeur un peu épicée du placard de la cuisine, le goût des plats que nous partagions après les spectacles dans la salle à manger ou la cuisine, les échanges chaleureux que nous y avons eu… Et en me concentrant je retrouve aussi la luminosité des pièces : vivifiante dès que le ciel était clair et qui me poussait à sortir dans les rues et à y gambader comme un écureuil, ou un peu triste quand le ciel se couvrait ou que venait le soir. J’avais alors envie de « m’habiller en mou ».

Et bien depuis, quand chez moi le temps se met au gris et que le soir tombe, j’ose et sans complexe, je « m’habille en mou ». Je deviens alors le héros d’un film de Woody Allen (mou, mais héroïque tout de même). Et ça, c’est un gain. »

(Frédéric Naud, conteur)

 

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La famille

La famille… Au fil des années, c’est une belle grande famille qui est née de ce festival, au travers les contes et les rencontres. Né de la passion et de l’ambition de sa fondatrice, Petronella, puis porté par la détermination et la vivacité de Marie et Sophie, ces 10 dernières années. Comme Myriam Pellicane le dit si bien « le festival est à présent une belle et grande dame », mais cette « belle grande dame » elle a grandi grâce à l’amour et la passion de plusieurs : les artistes, le public, les bénévoles….

 

« Les années dans ma mémoire s’emmêlent. Ce fut un tel tourbillon de rencontres, de spectacles. Le festival des embrassades. Les violons et les chansons le soir après le repas. Les deux Michel. Les trois Jean-Claude. Et l’unique Petronella qui tenait tout à bout de bras et allait se coucher avant tout le monde. L’énergie de Marie, de Sophie. Et tous les bénévoles qui m’ont hébergée, véhiculée, aidée en cuisine. L’application des uns, des autres, les tensions à gérer, les grands bonheurs à partager. La fatigue des petites nuits et la sensation d’être « hors temps ».

Cette sensation dure encore aujourd’hui, chaque fois que je me souviens de Sherbrooke. Un endroit hors du temps où tout était possible, où on s’enivrait de paroles, d’histoires, de magie, de réflexion, où reprendre des forces pour aller vers le monde. Un endroit où j’ai trouvé d’autres possibles. »

(Isabelle Bouchex, bénévole)

 
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« Comment penser à une seule anecdote sur le festival Les jours sont contés
Alors qu’à sa seule évocation
Je vois fleurir un nombre sans nom
De souvenir dans mon esprit
Je suis tellement heureux d’en avoir été plus d’une fois le complice!
Bien sûr je pense à Petronella qui a ouvert la porte du merveilleux
Par sa détermination, sa passion de la parole vivante et de sa douce folie
Je me vois moi jeune artiste à l’an 2000
Chercher ma voie et la trouver par là
Par la parlure
Je me vois tricoter ma parole entre les Renée Robitaille, Lavallée, Bérubé, Faubert
Les volutes de fumée de Christian-Marie qui se mêlent aux rires des fins de soirées
Le grand regard bleu de Guth Desprez (avait-il les yeux bleus ou c’est comme ça qu’on les voyait?)
Je vois le grand Simon raconteur Céleste monter sur la table d’une fin de soirée pour pousser la chanson jusqu’aux nuages
Comme s’il préparait l’escalier par lequel il est parti récemment pour rejoindre les étoiles
Je pense à Michèle N’Guyen tisserande du subtil.
À Michèle Rousseau et ses ailes à voler dans les mystères.
Je pense à l’amitié avec Jihad Darwiche qui est né là et pour laquelle je suis tellement reconnaissant.
Je me rappelle les cafés turcs et les nuits de contes à se réveiller dans Sinbad et s’endormir sous des tonneaux d’or.
Une anecdote… une seule… ouf…
Impossible
Je crois que c’est un spectacle tout entier que ça prend pour résumer l’épopée dont il s’agit
Car déjà dans tous ces mots je ne crois pas avoir encore dit ô combien ce festival fut pour moi un tremplin de ma vie de jeune artiste
Tout ce que j’y ai appris me suit pour toujours
Le conte est un art de complicité et la complicité est un art qui fabrique les plus belles histoires »
(Mathieu Lippé, conteur)
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