Ceci n’est pas une thérapie (ou peut-être que oui?)
26 Mai 2019
Festival du texte courtNos activités
par Evelyne Papillon
photo: Sophie Jeukens
Francis Poulin était à l’animation psychédélique (ou devrais-je dire psychanalytique) de cette soirée en compagnie d’Anaïs Constantin non pas à la basse, mais à la guitare ténor baryton, lui a-t-elle précisé. La scène était ornée d’un coquet divan de psychologue, qui a servi en fin de soirée à interroger les artistes du micro ouvert dans une ambiance plus feutrée que prévu.
L’autrice-compositrice-interprète Anaïs Constantin a ouvert le bal avec ses chansons douces-amères sur le fait que nos privilèges socioéconomiques ne nous privent pas de vivre des crises d’identité. Elle a abordé le sujet des difficultés et des joies de l’enseignement de la musique à des enfants défavorisés et l’importance de se rappeler ses motivations. Son authenticité et sa profondeur nous sont allées droit au cœur. Elle nous a glissé au passage que son deuxième album se préparait.
La poète et artiste de la parole Marianne Verville nous a présenté de solides textes rythmés et fortement imagés, qui nous ont fait voyager dans l’Amérique. Elle a aussi abordé le parcours quotidien de jeunes qui sont en reconquête de leur autonomie et de leur équilibre. Elle a souligné l’importance de leurs petites réussites, ce qui nous rappelle la raison d’être du Tremplin, salle qui nous accueillait ce soir-là. La poète traite aussi du chemin que l’on parcourt lorsqu’on parvient enfin à se sortir d’une dépression. Les victoires fragiles évoquées sont encore une fois très touchantes.
Ma découverte personnelle a été Sarah B. Lamarche, qui nous a immergés dans un post-partum et une solitude difficiles à entendre, mais si bien tournés à la fois. Ses réflexions sur la mère idéale, les standards inatteignables et la frustration de ne pas y arriver m’ont fait frissonner. Plusieurs spectateurs ont sorti leurs mouchoirs. Elle a par la suite fait un texte sur la confiance dans les autres et en soi, un autre combat. Cela nous rappelle que l’écriture a certes une puissance thérapeutique et permet de dénoncer nos prisons mentales.
La psychologue et auteure Nathalie Plaat s’est penchée sur le rôle du psychologue, la descente en soi que la thérapie demande et la naissance d’un patient après une analyse. Cette science molle, floue et mystérieuse qu’est la psychologie, ironise-t-elle, subit bien des déformations. Plus tard, alors qu’elle en était au tournant d’un récit concernant son grand-père et son père, la noirceur s’est abattue sur la salle. Était-ce arrangé? Non, une véritable panne d’électricité avait décidé de s’inviter elle aussi au spectacle. Ce coup de théâtre n’a pas empêché la soirée de se poursuivre et le public d’assister à un spectacle encore plus intime et de vivre un moment unique.