par Myriam Gagnon-Couture
photo: Josée Courtemanche

Accompagné de contrebasse et de saxophone, on entame la Failure de notre premier artiste. Ça part triste, ça part lourd. On goûte à la hâte de la petite bourgeoisie, entre deux gorgées de capitalisme. C’est noir, c’est bon. Les obsèques annuelles du festival du texte court sont lancées.

Puis viennent les excuses à sa mère. De douleurs en violences. Serait-ce une rébellion? C’est alors qu’on sent l’injustice, la rapidité, la finalité. Pourtant la peur n’existe plus, tant notre artiste se présente forte. Brisée, mais confiante, Marie-Élaine se dévoile.

Alors qu’on part à l’aventure et que le rythme s’accélère, sur les vers frissonnants de Rachel, c’est toute l’Irlande qui nous inonde. Entre la rue éponyme et sa terre natale, elle a laissé ses souliers, son pays, mais pas son âme. On se laisse aller à la musique qui anime, intrigue, développe toute l’histoire d’une femme forte, bâtie pour écrire.

Puis c’est là que la Belgique prend le relais. D’un coup à la plage, puis dans la salle d’attente du gynécologue. Surtout, ne croyez pas que c’est banal! D’ailleurs, on salue sa compagne.

Ouf! Pourquoi pas un peu d’amour? Mais toujours dos à dos. Sinon c’est un peu compliqué.

Vincent nous amène dans un petit village de France où l’on pense… On pense de façon un peu tordue, simple, mais pas vraiment. Plutôt comme dans les arcs emmêlés du cerveau de notre hôte, en son plein cœur. Ça nous transporte, à s’en essouffler.

Emmanuel, de retour sur scène, nous présente les antres noirs d’un auteur trouble, triste, mais fort. Puissant de faiblesses qui résonnent loin. Ensemble on compte des malheurs.

Les musiciens se lancent en jazz, question de réconcilier les cœurs. C’est chaud, ça fait du bien.

Miroirs sur scène. Annie nous inflige de nous regarder. C’est comme marcher dans un sentier en cercle qui rétrécit, où l’on finit par se voir de dos. C’est ça, la réalité? Discours vibrant en vase clos, à travers lequel on nous expose en pleine face la tristesse de nos propres fortunes.

Merci, festival du texte court. Tout un voyage, en émotions, en nuances, en surface, et bien creux dans nos êtres. Transportée, ailleurs et ici, je m’endors bordée par les mots aux mille sens.