Ce conte que vous pensiez connaître…

Qui a écrit « Aladin »? Les frères Grimm, Charles Perreault, Walt Disney? Si vous pensiez avoir la réponse à cette question ici, détrompez-vous, on ne l’a pas. Les contes merveilleux sont tellement anciens qu’on ne sait pas qui les a inventés. Ils existaient bien avant d’être mis sur papier, transmis de bouche à oreille. Ça vous étonne? Ce n’est pas tout! Il existe en fait plusieurs milliers de versions de chaque conte, que l’on retrouve partout à travers le monde. La pantoufle de Cendrillon n’est pas toujours en verre; le petit chaperon rouge ne rencontre pas toujours un loup; Blanche-Neige ne se réveille pas toujours d’un baiser! Dans cette série d’articles, on vous révèle quelques anecdotes croustillantes sur les contes que vous pensiez connaître…

Un conte popularisé par les Mille et Une Nuits

Même s’il y a été introduit tardivement, c’est par le répertoire des Mille et Une Nuits que le conte « Aladin » s’est fait connaître. Il a été repris de nombreuses fois dans les livres, au théâtre, au cinéma… et bien sûr, dans les films d’animation de Walt Disney! D’ailleurs, la version popularisée par Disney renvoie l’impression que le jeune Aladin vit au Moyen-Orient, mais la version des Mille et Une Nuits le situe plutôt en Chine. Encore plus surprenant peut-être, la version de Disney n’est inspirée que de la première moitié du récit des Mille et Une Nuits, où le conte se poursuit bien au-delà du mariage d’Aladin et de la princesse! Et tenez-vous bien, il n’y a non pas un, mais deux génies qui viendront tour à tour à la rescousse du jeune homme.

Donc en résumé…

« Aladin » de Walt Disney = ½ « Aladin »

Walt Disney VS Mille et Une Nuits

Prenons le temps de se rafraîchir la mémoire. Dans la version de Disney, le héros est un va-nu-pieds qui se fait entourlouper par le méchant vizir Jafar pour aller récupérer une lampe magique dans une grotte.

La grotte étant remplie de trésors, le petit singe de compagnie du jeune homme ne peut s’empêcher de voler une pierre précieuse, ce qui a pour conséquence de refermer la grotte, empêchant Aladin d’en sortir. Alors qu’Aladin frotte la lampe qu’il vient de récupérer, un génie tout bleu apparaît et lui offre de réaliser trois souhaits.

Ainsi, Aladin sort de la grotte, devient riche et conquiert le cœur de la princesse Jasmine, sur son tapis volant. Jasmine découvre ensuite qu’Aladin n’est pas vraiment riche, mais ils finissent tout de même par se réconcilier et se marier! Le Aladin au cœur pur de Disney finit même par utiliser son dernier souhait pour libérer le génie de lampe.

Dans les Mille et Une Nuits, Aladin n’est qu’un petit garnement quand il se fait entourlouper, cette fois par un magicien. C’est le génie d’une bague que lui a remise le magicien qui le fait sortir de sous terre.

Il emmène avec lui une lampe, qu’il trouve bien singulière. Or en grandissant, il découvre non seulement le génie de lampe – qui exauce tous ses vœux, pas de limite ici! – mais les beautés de la princesse Badroulboudour, qu’il finit par conquérir à l’aide de sa lampe précieuse. L’histoire pourrait s’arrêter là, mais non!

Le magicien entend l’incroyable histoire du nouveau mari de la princesse, et comprend qu’Aladin a été aidé du génie de la lampe. Il met sur pied un stratagème et récupère la lampe merveilleuse. Dès lors, il ordonne au génie de la lampe de transporter le palais d’Aladin, avec la princesse, la mère d’Aladin, les serviteurs et tout ce qu’il contient, dans un autre pays. Il faudra le désespoir d’Aladin, le génie de l’anneau et une ruse de Badroulboudour pour ramener le palais à sa place.

Des contes fusionnés…

Fait intéressant, une hypothèse veut que le conte « Aladin » soit né de la fusion de deux autres contes. Il n’est pas rare que les récits se modulent, se fusionnent, s’influencent dans la bouche d’un conteur. Or cette fois, la fusion a donné naissance à un nouveau conte, qui s’est lui-même propagé de bouche à oreille, si bien que les chercheurs l’ont classé sous le chapeau distinct d’« Aladin ».

Ainsi…

L’homme de fer + l’anneau magique = « Aladin »

Trop de mathématiques? Allez, on démêle tout ça!

L’homme de fer

(la version la plus connue se nomme Le briquet d’Andersen)

Dans ce conte, un soldat qui a perdu les honneurs rentre chez lui et croise une vieille, qui lui demande d’aller chercher pour elle un objet magique dans un endroit insolite.

Pour l’aider dans sa quête, elle lui donne ce dont il a besoin pour affronter les bêtes féroces de cet endroit, ou simplement en ouvrir les portes! Le héros trouve l’objet magique – et parfois même plein d’or et d’argent – et retrouve la vieille… qu’il tue! Il garde ainsi pour lui l’objet magique.

Le héros vit heureux et désire épouser une jeune femme de plus haut rang. Il utilise l’objet magique pour la séduire ou la kidnapper, mais le père de la jeune femme se rend compte de la ruse. Le héros est alors jeté en prison, mais il réussit à s’enfuir grâce à l’objet magique, à relever une épreuve ou carrément à tuer le père de la jeune femme. Il finit ainsi par se marier avec celle qu’il désire!

L’anneau magique

Dans ce conte, un héros de condition modeste trouve un objet magique qui lui permettra d’exaucer ses souhaits et d’améliorer sa condition.

Cependant, l’objet magique est repris par son possesseur ou par un prétendant de l’épouse du héros, qui fait transporter la demeure du héros au loin, avec sa femme! Le père de l’épouse oblige le héros à retrouver sa demeure, le menaçant parfois de mort!

Le héros retrouve l’objet magique ou le château volé grâce à l’aide d’un ou de plusieurs animaux. Il fait le souhait que son château et sa femme retournent là où ils étaient. Tout est bien qui finit bien.

En résumé…c’est tout simple!

L’homme de fer + l’anneau magique = « Aladin »

et…

« Aladin » de Walt Disney = ½ « Aladin »

La conclusion… s’il y en a une!

On vous a résumé ici les deux versions les plus connues d’Aladin, mais sachez qu’il en existe de nombreuses versions à travers le monde, qui présentent toutes sortes de variantes : l’objet magique peut être une lampe, un anneau, un chandelier, un médaillon ou encore une lanterne ; la grotte magique peut être remplie d’oiseaux et le génie peut être un pélican ; le héros peut être une jeune fille ; et l’histoire peut même être écourtée, pour se terminer soit dans la joie du mariage, ou dans la tristesse du héros ayant tout perdu aux mains du magicien venu récupérer l’objet magique…

Alors, avez-vous l’impression de mieux connaître le conte « Aladin » maintenant? Ou peut-être est-ce plutôt l’inverse?